Réalisé avec un réalisme saisissant par David Mackenzie, le film suit une unité fragmentée de soldats d’élite, bloqués derrière les lignes ennemies après une opération secrète qui tourne mal. Sans aucun renfort et sans aucun contact radio, les hommes doivent naviguer dans un no man’s land ravagé par la guerre, luttant non seulement pour leur survie, mais aussi pour une cause qu’aucun d’entre eux ne comprend plus vraiment.

Tom Hardy mène la distribution avec une vulnérabilité féroce dans le rôle du sergent Jack Rourke, un chef autrefois intrépide, désormais hanté par chacun de ses ordres et chacun de ses amis perdus. Face à lui, Jack O’Connell livre une performance exceptionnelle dans le rôle du soldat Elias Kane, une jeune recrue idéaliste qui commence à remettre en question tout ce qu’on lui a appris à croire.

L’action est crue, brutale et filmée avec une précision digne d’un documentaire. Des coups de feu éclatent sans prévenir. Des explosions brisent le silence. Mais la véritable tension surgit dans le silence : lorsque la paranoïa s’installe, lorsque la loyauté est mise à l’épreuve, lorsque l’honneur devient une idée lointaine et vacillante.

Ce qui rend Sang et Honneur si captivant, c’est son refus de romancer la guerre. La photographie capture à la fois les tranchées confinées et les forêts désolées couleur cendre avec une beauté envoûtante. Chaque image transparaît tension et épuisement. La musique, composée par Max Richter, est à la fois envoûtante et retenue : des cordes murmurent comme des fantômes dans le brouillard.

Mais sous le chaos se cache une histoire de fraternité : des hommes brisés, liés non par des ordres, mais par le sacrifice. Le dernier acte est dévastateur, culminant avec un choix qui définit véritablement le sens de l’« honneur » dans un monde qui en a perdu tout sens.